Le ski n'est pas un sport d'aquoiboniste (d'ailleurs ce dernier est le plus souvent perdu à jamais aux yeux du sport). Penchons-nous cependant sur cette curieuse coutume hivernale.
A première vue, il s'agit de monter, puis de descendre, les flancs d'une montagne de préférence recouverte de neige. Et quand on a fini, on recommence. Le tout, bien entendu sous un soleil digne d'un été dans le midi, sur des pistes à peine plus fréquentées qu'un tas de sable du Sahara (ou que le village natal de votre grand-mère, charmant trou paumé au fin fond de la Creuse) recouvertes d'un dooouuuuux et sooooouuuple manteau blanc. Enfin, ça c'est la théorie. C'est aussi, à peu de choses près, ce qui est représenté sur la brochure de la station.
En pratique, ça tient plutôt du tas de cailloux verglacé recouvert d'une colonie de manchots montés sur planches croisés avec des fous du volant, et météo du genre: "fortes précipitations, visibilité: 50 cm". Mais, chhuuuutt, faut pas le dire . Notez tout de même que ces éléments figurent rarement sur la brochure mentionnée plus haut.
Bref. Vous voilà donc fin prêt, petit malheureux , à vous élancer, agile et rapide comme le puma (votre totem, cf. Oumpah Pah pour les incultes) ou l'aigle fondant sur sa proie. Non, ne vous regardez pas dans la glace !!! Trop tard. Non, non, aucun bibendum Michelin rose à pois vert affublé de superbes yeux de mouche ne s'est introduit par effraction dans votre chambre pendant que vous aviez le dos tourné. Non, ce n'est pas non plus le petit verre de Grand Marnier d'hier soir. Il faut bien vous rendre à l'évidence: Cette chose, c'est VOUS. Remarquez que vos voisins n'ont pas l'air de bibendums Michelin rose à pois vert. Non. Ils ont le "style" eux. Pas vous. La vie est dure.
Prochaine mission: descendre les escaliers. N'ayez crainte, votre rembourrage rose à pois vert tiendra parfaitement le rôle d'airbag en cas de mauvaise chute.
Chaussures (Claaac-Aïïïe re-Claaac-Aïïïeuuuh) Ben oui, ça serre, c'est fait pour.
Ski.
Bâtons.
Eh, vous savez quoi? Vous avez oublié votre forfait en haut.
--- jetons un voile pudique sur ces quelques minutes de violence verbale et matinale---
Enfin, vous voilà harnaché, skis sur l'épaule, bâtons, forfait-lunettes-gants-écharpe-plan-des-pistes tout y est. Bien. Le plus dur reste à faire. Etape suivante: se diriger doucement mais surement vers les remontées. Seulement voilà, les chaussures de ski , comme leur nom l'indique, c'est pas vraiment fait pour marcher; les skis peuvent quant à eux se révéler une arme redoutable pour l'œil du voisin (qui a dit "bien fait pour sa pomme"? rôôôh, c'est pas gentil ça…). Votre maladresse d'aquoiboniste aidant, vous avez maintenant l'air d'un bibendum-michelin-rose-à-pois-vert-robocop-exterminator-qui-va-se-casser-la-gueule-incessament-sous-peu (robocop pour les chaussures, exterminator pour les skis, et qui va se casser la gueule à cause de cette sournoise plaque de verglas que vous ne voyez pas encore).
Après moult péripéties, vous voici arrivés "au pied des pistes". Seulement… vous avez mal calculé votre timing, et il est 9h30, autrement dit l'heure du début des cours. Une armée de playmobils, minuscules boutd'choux casqués-masqués-encagoulés, s'efforçant tant bien que mal de suivre leur moniteur tout de rouge vêtu, se précipite dans la queue du télésiège…
…et au pays des bibendums Michelin, les playmobils ont priorité. allez, allez, c'est pas si grave… compte tenu du nombre d'arrêts dus à des playmobils hurlants encore débutants dans l'art du "je m'assois sur le siège et je ne bouge plus" vous y serez peut-être à 11h30…
...eh, oh, on se réveille, c'est à vous! attention, après vous être foutu de la gueule des playmobils, vous avez intérêt à faire un départ parfait, voilà, doucement...SHBAM…Qu'est-ce que je viens de dire???
Enfin, vous remontez, sur fond de playmobils rigolards se...payant votre tête. Notez, c'est de bonne guerre…
Si vous skiez seul(e), vous risquez de vous retrouvez avec des "gens" pour voisins. Entendez par là des inconnus. Plusieurs cas de figures sont possibles:
- La bande de playmobils
- La bande de surfeurs hurlant "étoileuuuh des neeeeeigeuuuh" (les playmobils plus grands)
- La bande d'anglais bourrés (oui, même à 10 h du mat', ça arrive) en train de faire des acrobaties sur le télésiège en gueulant "Monkey, monkey"
- La bande de "free-riders" stylés qui vous font honte de votre combi made in Michelin, et tiennent des conversations passionnantes du type: "On s'prend le ch'tit hors-piste en haut? Il est pas un peu casse gueule? Mais naaaaan y a juste le champ de caillasse au début et le ruisseau à sauter… mais c'est rien ça… Oh pis si tu reste coincé on te recupère le lendemain… pas grave…"
Note: si ce sont vos amis qui tiennent cette conversation et que vous n'êtes pas membre de l'équipe de France, vous êtes en droit de protester.
Passée la dure épreuve du télésiège, vous voici en haut. Et quand on est en haut, hein, qu'est-ce qu'on fait? Eh ben on redescend ! je vous avais prévenu… le ski n'est pas un sport d'aquoiboniste.
So, the game is: slalomer entre les cailloux (scroouuucccch), les plaques de verglas (zzzwiiiip), la neige fondue (vvvooouuuuuccch) (et ça avec le réchauffement de la planète, ça ne risque pas de s'arranger), les "gens" (va donc, eh, chauffard!!!), les serpentins de playmobils (OOOOUUUUUIIINNNN, le monsieur y m'a fait maaaaal), les pylônes, canons à neige et autres piquets (ssschhbbbooonnng) et arriver en bas plus ou moins entier (ouf)
